Vivre avec une meute de chiens de traîneau : immersion en Laponie suédoise

Vous rêvez d’un dépaysement total, de silence blanc et d’aventure au cœur de la Laponie suédoise ? Bienvenue dans le quotidien d’un musher, au nord de la Suède, entourée d’une meute de 116 chiens de traîneau. Ici, la nature règne en maître, et les journées commencent bien avant le lever du soleil… Dans cet article, je vous emmène vivre une expérience unique avec des chiens de traîneau, entre routines hivernales, travail avec les chiens, paysages enneigés et petits moments magiques que seul ce mode de vie peut offrir.

Vivre avec des chiens de traîneau : ils passent avant nous

7h40. Le réveil sonne. J’appuie sur « snooze ». Pour la deuxième fois.
7h50. Il est temps de sortir du lit… Le soleil n’apparaîtra pas avant deux heures, mais les chiens s’en moquent royalement : ils ont faim.

Je saute du lit, jette un œil au thermostat, et commence mon rituel de superposition : pantalon thermique, haut thermique, pantalon, un ou deux pulls (selon l’humeur du mercure), veste, bonnet, moufles. Toujours des moufles — je déteste porter des gants.

Ici, en Scandinavie, on dit qu’il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements. On arrête vite de se plaindre et on s’adapte.

8h. L’équipe arrive au chenil. À l’instant où les chiens entendent les moteurs au loin, c’est l’explosion : une cacophonie d’aboiements qui réveille à coup sûr les villages voisins. En quinze minutes, nos 116 compagnons à quatre pattes sont nourris, et la valse des préparatifs commence.

Nous avons une heure pour tout mettre en place :

  • Vérifier les traîneaux
  • Les charger avec provisions et matériel
  • Sortir les chiens des enclos
  • Les aligner en équipes
  • Préparer les harnais
  • Et bien sûr… nettoyer les crottes

Certaines âmes (très) serviables nous facilitent le travail en mangeant les leurs avant qu’on arrive. Je me demande s’ils essaient de nous rendre service… ou s’ils refusent de partager. Peut-être même qu’ils s’imaginent qu’on en raffole aussi.

9h30. Les invités arrivent. Première mission : les habiller correctement. La plupart ne sont pas prêts pour le froid, alors on joue les stylistes de l’Arctique, et on leur apprend à survivre à -20°C.

un attelage de traineau prêt à être attelé
l’attelage de tête est prêt et attend calmement le départ @ Flarken Adventure

Rencontre avec la meute

Puis direction le chenil pour les présentations. Les chiens de traîneau ne sont pas des animaux de compagnie, même si certains feraient fondre n’importe quel cœur. Ce sont des animaux de meute, avec une hiérarchie bien établie, des affinités, des rivalités, des amitiés indéfectibles et des inimitiés féroces. En somme, pas si différents de nous.

Sur nos 116 chiens, environ 85 sont actifs, 25 savourent leur retraite, et 10 découvrent encore la vie.

On me demande souvent : « C’est comment, vivre avec 116 chiens ? »
Eh bien, c’est épuisant, mais tellement enrichissant. C’est nourrir, soigner, nettoyer, câliner, jouer, rassurer, surveiller les plus vieux, et gérer les petits bobos… sans oublier les humains qu’on accompagne.

Au fond, ce sont un peu mes enfants. Parfois adorables, parfois casse-pieds. Mais tous ont un nom, un caractère, une place dans mon cœur. Certains sont mes bébés, d’autres mes meilleurs amis, et quelques-uns… des collègues très poilus.

Préparatif d'une sortie en chiens de traineau en Suède
On charge les traîneau, on habille les chiens et c’est parti !

Départ en raid

Une fois les équipes formées (quatre chiens par invité), on apprend à harnacher, on fait un petit cours de pilotage (éviter les arbres : priorité n°1), et c’est le grand départ.

Au début, c’est le chaos. Une vraie tempête sonore. Les chiens hurlent d’excitation.
Mais dès qu’ils s’élancent… le silence tombe.
Seuls restent le crissement du traîneau sur la neige, la respiration des chiens et le doux bruit de leurs pattes. C’est un calme absolu, presque sacré. Le genre de silence qui fait du bien à l’âme.

Selon le groupe, la balade se passe plus ou moins sans chute. Spoiler : il y a toujours au moins une chute.

À mi-parcours, pause déjeuner : feu de camp, encas pour les chiens, repas chaud pour les humains. Normalement, tout le monde reste calme… sauf quand un ou deux trublions décident d’aboyer sans relâche ou d’emmêler toutes les lignes. Et méfiance avec les trop sages : souvent, ils mâchouillent tranquillement leur harnais.

Che, notre berger allemand dort au coin du feu
Che profite du déjeuner pour se reposer

Au campement

L’après-midi, on repart jusqu’au camp. Là, une nouvelle routine s’installe :

  • Soins aux chiens
  • Feux dans la cheminée et dans le sauna
  • Bain glacé dans le lac (oui, volontairement)
  • Thé brûlant, brioche à la cannelle
  • Bûches à couper, dîner à préparer
  • Sauna, rires, étoiles, aurores boréales… puis repos.
Un musher vérifie les pattes de son chien avant de l'atteler

Le silence de la forêt nordique

Les nuits froides (en dessous de -10°C), certains chiens portent un petit manteau. Moi, je dors dehors, sur du foin, bien au chaud dans mon sac de couchage, entouré de mes chiens préférés. Un luxe inestimable.

Mais la tranquillité n’est jamais garantie. Chaque nuit, dans ce camp en particulier, un chien réussit à se détacher. Un mousqueton lâche, une chaîne casse. Et c’est reparti pour un concert nocturne. Curieusement, ça n’arrive jamais dans nos autres camps. Certains disent qu’un esprit veille (ou joue des tours) dans ces bois.

Vivre au rythme des chiens

Alors, vivre ici, tout au nord de la Suède, c’est comment ?
C’est génial. Fatigant, imprévisible, mais magique.
La forêt est mon bureau. Les chiens, ma famille. Le traîneau, ma drogue. Le thé vert, mon carburant. Et surtout, chaque jour, je vois nos participants sortir de leur routine, braver le froid, dompter un traîneau, et repartir transformés. Ça, c’est le plus beau des cadeaux.

Vivre au rythme des chiens

Vivre au rythme d’une meute de chiens de traîneau, au cœur de la Laponie suédoise, c’est bien plus qu’un métier : c’est un mode de vie.
Chaque jour apporte son lot d’imprévus, d’émerveillement, et de connexions profondes avec la nature et les animaux.
Que vous rêviez d’une aventure nordique, d’une expérience immersive avec des huskies, ou simplement d’un retour à l’essentiel, le Grand Nord a une manière bien à lui de vous toucher en plein cœur

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